QUANTIFICATION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR POSTE AU VOLLEY-BALL

QUANTIFICATION DE LA CHARGE DE TRAVAIL PAR POSTE AU VOLLEY-BALL

Exemple de l’équipe de Tours Volley-Ball

Cette étude montre que chaque profil de poste possède des caractéristiques différentes : durée, distance, et vitesse des opérations ainsi que le temps de présence sur le terrain  vs le temps réel de jeu. Ces deux dernières données nous permettent de déterminer le rapport effort/récupération pour chaque joueur.

Durant cette étude statistique utilisant l’outil vidéo (logiciel Kinovea), nous nous sommes intéressés à quantifier le nombre d’opérations effectuées par chaque joueur de l’équipe du Tours Volley-Ball (TVB) pour trois matchs de niveau et d’intensité différents. Le premier étant TVB vs Narbonne (3-0, Ligue A Masculine), le second TVB vs Chaumont (3-2, Ligue A Masculine) et le troisième TVB vs Piacenza (3-2, League des Champions).

Mots-clés : Volley-Ball, analyse vidéo, profils de poste, rapport effort/récupération, préparation physique adaptée.

Abstract: In this statistical study using the video tool (Kinovea software), we quantify the number of operations performed by each player on the team of Tours Volley-Ball (TVB) for three matches of different level and intensity. The first one was TVB vs Narbonne (3-0, League A Men), the second one was TVB vs Chaumont (3-2, League A Men) and the third one was TVB vs Piacenza (3-2, Champions League).

This study shows that each player position has different characteristics: duration, distance, velocity of operations, as well as the time of presence on the terrain vs the actual playing time. These last two data allow us to determine the work / recovery ratio for each player.

Keywords: Volley-Ball, video analysis, positions, work/recovery ratio, adapted physical preparation.

Introduction

Le sport a toujours été un moyen pour l’Homme de se confronter sur le plan physique, une manière de montrer sa puissance. Cette fascination pour le sport a développé une multitude de compétences techniques et tactiques propres à chaque pratique et a également conduit l’Homme à la recherche du dépassement de soi grâce aux sciences du sport que l’on retrouve notamment au Volley-Ball.

Toutes ces nouvelles connaissances ont conduit l’encadrement sportif à organiser et à planifier l’ensemble de ces découvertes concernant l’organisation de l’entraînement. Nous savons aujourd’hui que la préparation physique est un élément déterminant de l’entraînement. Nous pouvons définir l’entraînement des qualités physiques comme l’action de préparer une personne, une équipe ou un animal à une performance sportive au moyen d’exercices appropriés. L’entraînement a donc pour but d’optimiser la performance de l’acquisition motrice ou sportive. La performance sportive est le fruit d’un ensemble de facteurs liés entre eux et nécessaires pour atteindre le niveau optimal, notamment lors d’un enjeu de haute importance comme lors d’une compétition internationale.

Il existe en effet plusieurs facteurs de la performance comme l’endurance, la vitesse, la force et la prophylaxie. L’endurance, selon Frey (1977), « désigne la capacité du sportif à résister le plus longtemps possible à un stimulus qui exigerait l’interruption de la charge et l’endurance physique qui est la capacité de résistance de l’organisme dans son ensemble ou de ces différents systèmes ».

La vitesse est une qualité physique liée au facteur musculaire qui s’exprime de différentes façons : vélocité ou vivacité. « La vitesse est la capacité qui permet, sur la base de la mobilité des processus du système neuromusculaire et de la propriété, au muscle de développer de la force, d’accomplir dans des conditions données des actions motrices en un temps minimal » (Frey, 1977).

Quelle que soit la manière dont elle s’exprime, elle représente une rapidité de déplacement lors d’un mouvement cyclique ou acyclique. La force, elle, s’exprime en Newton (N) et est représentée par un vecteur pour donner sa direction. Cette approche mécanique de la force de déplacement est un élément déterminant dans la pratique du Volley-Ball notamment lors des sauts, mais également lors de phases d’attaque ou de défense qui, elles, sont faites par des petits pas courus, du sprint court et du soutien.

La préparation physique englobe également l’aspect prophylactique, qui est l’ensemble des mesures prises pour éviter la survenue d’une maladie, son extension ou son aggravation. Ce terme, apparu en 1793, est issu du milieu médical relatif à une approche méthodologique. Tous ces domaines de la préparation physique représentent une partie de l’entraînement et sont fonction du profil de l’athlète, des paramètres individuels, auxquels nous pouvons également ajouter la préparation mentale et la nutrition.

La référence dans le sport de haut niveau reste la compétition qui est l’élément déterminant pour évaluer la charge de travail, en effet « l’entraînement sert au développement, la compétition sert à la réalisation de la performance » (Hotz, 1994). Dans la continuité de notre analyse, il me paraît nécessaire d’être en capacité d’effectuer une analyse de la charge d’entraînement imposée lors des compétitions à des niveaux d’intensités variables, afin d’avoir un repère au niveau des contraintes et des sollicitations biomécaniques et bioénergétiques en lien avec l’activité Volley-Ball que nous avons décidé d’analyser.

En effet, nous savons que quelque soit son niveau de pratique ou son état de forme, le volleyeur devra planifier son entraînement en fonction de son profil de poste et au développement de ses différentes qualités physiques nécessaires à la pratique du sport de haut niveau. La question a été la suivante : quelles sont les caractéristiques physiques utiles à la pratique du Volley-Ball de haut niveau ?

Dans un premier temps nous pouvons dire que le Volley-Ball est un sport d’opposition en équipe de six joueurs, séparés par un filet, où l’objectif est de faire tomber le ballon dans le terrain adverse et par-dessus le filet en se déplaçant et en se passant la balle avec les mains, bras ou poings mais les joueurs ont le droit de toucher le ballon avec n’importe quelle autre partie du corps. La touche avec le pied est possible. L’opposition est technico-tactique mais également physique.

En se posant la question suivante : « Quelles sont les actions qui régissent la pratique du Volley-Ball ? », nous pouvons lister sept actions principales à partir desquelles le jeu se construit :

  • Le service
  • La réception
  • La passe
  • L’attaque
  • Le contre
  • La défense
  • Le soutien

L’ensemble des actions lors des phases de jeu, est effectué au moyen de déplacements adaptés comme : les déplacements flexion block, les courses d’élan suivies d’un saut d’attaque ou les pas chassés.

On trouve également dans le jeu des phases statiques, notamment au moment du service et qui se caractérisent par un arrêt du ballon et des joueurs, qui s’ajoutent aux différentes phases de plein mouvement dont nous avons évoqué quelques-uns des déplacements. Il paraît néanmoins important de définir les différents profils de poste qui existent au Volley-Ball pour lesquels les fonctions ainsi que les registres de jeux sont différents. Par ailleurs, le sport de haut niveau exige d’avoir une préparation physique idoine, sachant qu’il y a trois approches méthodologiques de la préparation physique.

La première est dissociée par unités séparées et distinctes, la seconde est la préparation physique associée par des séquences articulées dans la même unité d’entraînement et enfin la troisième est la préparation physique intégrée qui est superposée et mélangée dans la même unité d’entraînement que les contenus technico-tactiques et physiques.

Nous savons aujourd’hui que les athlètes doivent être préparés pour faire face aux différents efforts qu’ils seront amenés à fournir durant la compétition. Il est donc nécessaire d’adapter son contenu de séances et ses axes de travail en fonction des besoins de l’athlète à son poste. La connaissance de la charge de travail pour chaque poste devient donc un élément indissociable de la préparation physique.

Origine et questionnement de la recherche

Durant un stage d’immersion au sein de la structure de haut niveau du Tours Volley-Ball, de nombreuses discussions avec le préparateur physique Romain Huet et Serge Eloi, Maître de conférences STAPS à l’UPEC se sont initiées. À la suite de ces échanges, il est apparu un manque important de statistiques, en particulier sur la charge de travail du volleyeur, notamment sur le nombre et la distance des déplacements effectués, mais également sur le nombre et la hauteur des sauts durant les matchs. Au cours de nos échanges, nous avons pensé qu’il était nécessaire d’obtenir des statistiques précises sur la charge de travail et les déplacements du volleyeur pendant un match. Ces informations pourront être très utiles pour le préparateur physique du Tours Volley-Ball, qui avec ces données, pourra organiser au mieux ses entraînements.

Un grand nombre d’informations existe sur le Volley-Ball, aussi bien sur des statistiques morphologiques et lors des phases de jeu (Fontani, Ciccarone & Giulianini, 2000; Degrenne, 2012) que sur des études sur la charge d’entraînement et la préparation physique (Stanganelli, Dourado, Oncken, Mançxan, & da Costa, 2008; Pavlović, Raković, & Bošnjak, 2011). Afin d’augmenter les performances des athlètes, de nombreuses études ont été menées dans le but de mieux contraindre les caractéristiques propres à chaque poste. Par exemple, lors du championnat du monde 2010 (masculin et féminin), des statistiques ont été réalisées sur les âges et sur la taille des joueurs hors libéros (modèle de développement des athlètes en Volley-Ball 2013-2017, Volley-Ball Québec). D’autres statistiques existent sur la charge de travail du volleyeur au cours d’un match, ainsi, Fontani et al. (2000) comparent les caractéristiques des temps de jeu au cours de matchs de trois sets et cinq sets et des différents aspects comme le temps de jeu effectif, le nombre d’actions avec la durée moyenne, ainsi que la moyenne d’un intervalle et le pourcentage d’échanges en termes de temps.

Degrenne (2012) étudie, lors de trois matchs de l’équipe nationale de Cuba disputés lors de la Ligue Mondiale de Volley-Ball en 2010, le temps de jeu effectif (par set et par action), le temps de récupération (entre chaque action) ainsi que les différents types et nombre de déplacements par set (pas chassés, pas croisés, pas courus), types et nombre de sauts (sauts au contre, sauts d’attaque, passes en suspension) et nombre et types de frappes de balles (services, attaques) des joueurs. Certaines études montrent le lien entre nutrition et performance. Trajković, Milanović, Sporiš, & Radisavljević, (2011) étudient le rapport entre la composition corporelle et les hauteurs de sauts des jeunes joueurs d’élite de l’équipe nationale de Serbie. Ils montrent que de manière générale, une masse grasse faible est une condition importante pour des performances physiques élevées. De plus, Fleck, Case, Puhl & VanHandle (1985) mettent en avant des différences significatives entre les joueurs de différents postes et montrent qu’un pourcentage de graisse corporelle faible est un élément clé de la performance et de la réussite des joueurs de Volley-Ball au niveau national. Thollet (2006) étudie les dépenses énergétiques poste par poste (pointu, libéro, passeurs, centraux, réceptionneurs-attaquant) en les classant par intensité: haute (sauts et sprints), moyenne (replacements, passes en suspension et services sautés flottants) et basse (attente). Il considère par exemple que les centraux ont une dépense énergétique plus élevée que les autres postes.

Certains auteurs proposent d’observer le lien entre préparation physique et augmentation de la performance. Stanganelli et al. (2008) étudient l’adaptation d’un groupe de jeunes joueurs de Volley-Ball d’élite sur un macrocycle de préparation physique. Ces auteurs examinent les conséquences de l’entraînement sur la capacité de saut de l’équipe masculine de Volley-Ball nationale brésilienne (moins de 19 ans). Ainsi, une charge d’entraînement effectuée sur 18 semaines consécutives optimise et augmente progressivement la capacité de saut des joueurs à travers le macrocycle.

Trajković, Milanović, Sporiš, Milić & Stanković (2012) réalisent un programme d’entraînement de pré saison de 6 semaines ayant pour but de déterminer les changements observés dans les performances physiques. Différents tests sont réalisés: sprints (5 et 10 m) et sauts sous différentes formes. Cette étude montre une amélioration significative de la vitesse de déplacement. En revanche, les résultats des sauts étaient moins significatifs,certainement liés aux capacités déjà élevées des joueurs de Volley-Ball. Pavlović et al. (2011), insistent eux, sur la relation entre le travail des muscles abdominaux et la mobilité ainsi que la force musculaire, l’endurance et la vitesse du joueur au Volley-Ball. Cette étude souligne le fait que l’action de certains groupes musculaires tels que les abdominaux provoque des manifestations de type indirect qui ont des effets sur la morphologie, la mobilité et les capacités fonctionnelles comme le soulignent Wilmore & Costill (1994), Goodway, Crowe & Ward (2003) et Okely, Booth & Patterson (2001).

Nourry, Morlier, & Cid, (1998), présentent une analyse de la détente verticale au Volley-Ball. Cette étude a pour particularité de mettre en évidence l’action des bras lors des sauts et de mettre en évidence le problème de coordination entre les mouvements des « bras » et des « jambes ». La conclusion de cette étude est qu’une meilleure coordination des membres inférieurs et supérieurs augmente la hauteur de saut.

Au vu de ces études, il apparaît des différences significatives dans les caractéristiques de différents postes au Volley-Ball aussi bien du point de vue morphologique, que physique et nutritionnel. Différentes questions peuvent se poser alors :

  • Y a-t-il une différence significative entre les charges de travail des différents postes au cours d’un match ? Si oui, la ou lesquelles ?
  • Par conséquent, faut-il envisager une préparation physique particulière à chaque poste ? Si oui, de quelle manière ?
  • Faut-il envisager une planification différente particulière à chaque poste ? Si oui, comment ?

Il est donc crucial de déterminer de manière précise la charge de travail des différents postes au cours de matchs d’intensités différentes en analysant les différentes phases de jeu (défense, réception, attaque, contre-attaque), la distance, la durée et la vitesse de déplacement durant les actions de jeu, le nombre de ballons touchés, ou bien encore le nombre de points. Cette étude statistique a été réalisée sur l’équipe du Tours Volley-Ball, meilleure équipe française. Pour cela, le logiciel de capture d’image vidéo KINOVEA semble être l’outil adéquat, pour avoir une analyse fine des différentes actions que l’on peut rencontrer au Volley-Ball.

Nous avons émis l’hypothèse de dire que l’exigence du Volley-Ball de haut niveau oblige l’élaboration d’une planification adéquate de la charge d’entraînement et que celle-ci doit être propre aux particularités de chaque poste. De plus, les exigences de la concurrence de haut niveau et l’évolution des stratégies de jeux tactiques ont conduit à une augmentation de la spécialisation de la position des joueurs (Sheppard, Chapman, Gough, McGuigan & Newton, 2009). Cependant, cette hypothèse pourra être valable uniquement si des différences significatives apparaissent lors de mon analyse des différents types de matchs du Tours Volley-Ball.

La présente étude a pour objectif d’analyser l’équipe du Tours Volley-Ball qui évolue au niveau international, pour nous permettre de quantifier la charge de travail pour chaque poste et ce, lors de trois matchs de niveau d’intensité faible, moyen et fort. Nous prenons le parti de suivre le même athlète pour chacun des trois matchs, dans l’objectif d’être au plus précis sur la quantification de la charge d’entraînement.

À plus long terme, la volonté serait de faire une étude sur les autres clubs du championnat de France et de comparer les résultats entre eux. Pour mener l’étude, nous nous intéresserons à différentes variables du jeu au Volley-Ball afin de mieux comprendre la part de l’activité physique du joueur de haut niveau comme ses différents paramètres :

  • le nombre de points par match et par set
  • le nombre de ballons touchés par match et par set
  • les différentes phases de jeu (défense, réception, attaque, contre-attaque) par match et par set
  • la distance effectuée lors de ces phases par match et par set
  • la durée des actions ou échanges de jeu par match et par set
  • la vitesse de déplacement durant les actions de jeu par match et par set
  • les temps de présence du joueur et réel des actions par match et par set
  • le temps de récupération par match et par set
  • le rapport effort/récupération

CADRE THÉORIQUE

Évaluation de la charge de travail du volleyeur de haut niveau

L’évaluation de la charge de travail du volleyeur représente la première étape du travail du préparateur physique. En effet, il existe très souvent dans la pratique une différence plus ou moins importante entre la planification prévue et ce que l’athlète peut ressentir au cours des cycles de préparation physique. Ces décalages peuvent être dus à de multiples paramètres liés à l’activité ou non.

Matveïev (1972) quantifie la charge d’entraînement dans l’objectif de surcompensation afin d’obtenir l’effet de « cumul ». Hélal (1998) signale que peu d’auteurs se hasardent à répondre à la question de savoir quel est le paramètre le plus important dans le processus d’entraînement entre le volume, l’intensité et la fréquence, si ce n’est pour dire qu’ils sont toujours interdépendants et en rapport avec le niveau de pratique, l’objectif et la période. Seuls Morehouse & Miller (1974) affirment que l’intensité est plus importante que la durée.

Granvorka & Hélal, (1980, 319), déterminent l’indice de charge relative d’une séance d’entraînement de l’équipe de France féminine de Volley-Ball, et répertorient la durée des séquences, le type de séquences d’entraînement ainsi que l’intensité, le volume et le niveau de sollicitation de ou des athlètes.

D’autres sports ont également analysé la charge d’entraînement comme la natation (Calvert, Banister, Savage & Bach, 1976 ; Chatard, Busso, Barale, & Lacoste, 1994), le marathon (Banister & Hamilton 1985 ; Morton, Fitz-Clarke, & Banister, 1990), le cyclisme (Candau et al., 1993 ; Loewert 1997) ainsi que le triathlon (Millet et al., 1993, 1994).

Actuellement, la méthode Foster (1998) semble être la plus utilisée par les préparateurs physiques pour quantifier la charge d’entraînement sur des périodes plus ou moins longues. Cette méthode utilise les travaux de Borg (1970, 1994), l’échelle RPE (Ratings of Perceived Exertion) qui permet d’évaluer l’intensité ressentie par l’athlète au cours d’un entraînement. Foster (1998) a modifié cette échelle, la charge d’entraînement correspond à la difficulté de la séance ressentie allant de 0 à 10 (0: pas de douleur; 10: douleur extrêmement forte) et au-delà de 11 (douleur la plus élevée possible) auquel on multiplie la durée de l’effort en minutes. La somme est égale à une unité arbitraire (U.E).

Les techniques de quantification de la charge d’entraînement ne permettent pas de se passer de l’analyse de l’activité qui constitue un élément important dans la conception des séances et de leurs planifications. Le contenu des séances doit être en lien avec la pratique de référence et apporter aux athlètes un contenu le plus précis possible en fonction du profil deposte. Pradet (1996) définit la préparation physique comme: « l’ensemble organisé et hiérarchisé des procédures d’entraînements qui visent au développement et à l’utilisation des qualités physiques du sportif. Elle doit apparaître de façon permanente aux différents niveaux de l’entraînement sportif et se mettre au service des aspects technico-tactiques prioritaires de l’activité pratiquée ». Par conséquent, nous pensons, qu’il est nécessaire d’organiser l’entraînement ainsi que la préparation du volleyeur de haut niveau à partir d’une évaluation faite lors d’une pratique compétitive à intensité variable (faible, moyen et fort).

Selon Platonov (1988), il est indispensable de disposer de notions précises sur la structure de l’activité de compétition, afin d’orienter au mieux le processus d’entraînement de l’athlète et surtout, pour disposer d’un cadre d’analyse permettant de distinguer ses points forts et ses points faibles. Cette recherche de la charge de travail lié à l’exigence de la pratique de haut niveau au Volley-Ball en compétition est la procédure qui nous permet d’établir le profil d’exigence auquel doit répondre l’athlète. La représentation faite sur la base de l’observation du préparateur physique dictée par la compétition doit être organisée en fonction des besoins spécifiques de l’athlète et de son profil. Ainsi, il nous paraît important dans le cadre du sport de haut niveau et a fortiori au Volley-Ball de faire une différence entre les différents postes, sachant qu’il existe cinq profils de postes différents les uns par rapport aux autres.

Les différents postes au Volley-Ball

  • Le passeur :

Le passeur est une pièce maîtresse au Volley-Ball, ce joueur touche pratiquement tous les ballons dans toutes les phases de jeux et très souvent les secondes balles. Il a un rôle prépondérant pour coordonner les phases offensives, en se plaçant comme un meneur de jeu car il est le joueur qui touche le plus souvent le ballon.

C’est le distributeur et le tacticien offensif de l’équipe. Celui par qui tous les ballons passent (Éloi, 2007, 2009). Son rôle le conduit à être dans la prise d’information en permanence sur les mouvements d’attaque, de préparation d’attaque ainsi que pour l’ensemble des mouvements de défense. Ceci qui l’oblige à être constamment en mouvement et faire le bon choix.

« Le passeur est certainement le joueur qui se déplace le plus au cours d’un match. […]. De cette position, il devra se replacer sous la balle en fonction de la trajectoire de la réception. […]. De même, après une défense ou en redescendant du contre, il devra systématiquement rejoindre la position de passe avec la plus grande célérité » (Blain, 2006).

« Du choix et de la justesse de sa passe dépend souvent l’issue d’une rencontre. Le passeur est le meneur de jeu et architecte de l’attaque. […]. Il faudra donc accorder une grande attention à la sélection et à la préparation de ce joueur » (Selinger & Ackermann-Blount, 1992).

En conséquence, les qualités athlétiques demandées pour le passeur seront multiples comme l’agilité, la vitesse, la puissance, l’équilibre, la coordination, etc., auxquelles nous pouvons ajouter la dextérité et l’habileté à se déplacer efficacement. Mais toutes ces qualités devront être soutenues par une capacité émotionnelle forte afin d’être un leader pour la performance.

  • Le pointu (ou opposé passeur) :

Le pointu a pour rôle principal d’attaquer, aussi bien dans la zone avant que dans la zone arrière. Il est de ce fait généralement le meilleur attaquant de l’équipe. « C’est l’attaquant type, le frappeur. Celui à qui l’on donne le ballon pour se sortir des situations les plus délicates » (Éloi, 2011, 62). Il ne s’occupe pas de la réception de la balle pour être toujours prêt à attaquer. De grande taille et très costaud, il est doté d’une puissance athlétique exceptionnelle ainsi que d’un très bon service smashé. « Ils sont en général d’excellents sauteurs et ont évidemment une exceptionnelle qualité d’attaque en puissance. […] le rôle fondamental de l’attaquant de pointe est de marquer des points » (Selinger & Ackermann-Blount, 1992).

  • Le réceptionneur-attaquant :

Le réceptionneur-attaquant est certainement le joueur au profil de jeu le plus complet, d’une part par des qualités athlétiques exceptionnelles que lui impose sa double mission de réceptionner et d’attaquer. « Ils sont deux et comme leur nom l’indique, ils jouent un rôle important lors de la réception (récupération du service adverse) et de l’attaque » (Éloi, 2011, 62).

On retrouve sur le terrain très souvent deux réceptionneurs qui couvrent à eux deux l’ensemble de la surface de jeu et sont souvent placés de manière à ce qu’il y en ait toujours un dans la zone avant et un dans la zone arrière, hormis en phase de réception où ils sont en règle générale en ligne arrière. Sa première fonction est de réceptionner la balle et de la rediriger vers le passeur ainsi que de se repositionner en attaque sur l’une des extrémités du filet. Sa deuxième fonction demande d’avoir une habileté à effectuer les transitions ainsi qu’un bagage technico-tactique complet. En ce qui concerne les qualités athlétiques, elles doivent être importantes puisqu’il doit attaquer sur des balles hautes et rapides, avoir une capacité d’accélération importante et soutenue par une grande qualité technique et d’une aisance pour effectuer les transitions essentielles pour le haut niveau.

  • Le libéro :

Le poste de libéro fait partie des nouvelles règles établies vers la fin des années quatre-vingt-dix, dans le but d’équilibrer le rapport de force entre la défense et l’attaque. Ceci a permis à des joueurs de petite taille de faire leur apparition dans le jeu. Le libéro est exclusivement en zone arrière et doit porter un maillot de couleur différente. Il n’a pas le droit de servir mais il peut remplacer n’importe quel joueur, se trouvant en zone arrière, sans avoir besoin de le signaler à l’arbitre.

« Il réceptionne et défend et ne peut qu’être arrière. […] Le libéro va donc (dans la grande majorité des cas) remplacer alternativement chacun des deux contreurs centraux (après son service puisque le libéro ne peut pas servir) » (Éloi, 2011, 63).

Concernant les qualités physiques, il doit bien évidemment avoir une bonne endurance pour couvrir une grande partie d’un terrain afin de dégager les attaquants-réceptionneurs, une bonne qualité de vitesse de déplacement, d’agilité, d’adresse et de force des membres inférieurs. Sur le plan mental, il devra avoir une combativité en défensive, prêt à tout pour empêcher le ballon de toucher le sol (plongeon) et être également fort pour accepter de ne jouer qu’en ligne arrière sans possibilité de marquer le point.

  • Le contreur central :

Le rôle du contreur central est double puisqu’il doit être bon lors des attaques rapides et également avoir une action importante lors des contres.

« Ils sont spécialisés dans les attaques de premiers temps (attaque rapide) et sont les pièces maîtresses du contre. Ils se positionnent au milieu du filet et tentent d’intercepter les smashs adverses » (Éloi, 2011).

Il a en effet un rôle important car il attaque sur le premier temps puisqu’il saute avant que la balle soit donnée par le passeur. Cette action contribue à rendre le jeu très rapide, ce qui augmente la difficulté à défendre de l’équipe adverse.

« Le joueur au centre est à l’origine d’une variété d’attaques rapides et trompeuses qui visent à affaiblir le contre adverse. […]. Le joueur central participe pratiquement à toutes les actions de contre, c’est pourquoi l’efficacité globale du contre d’une équipe est inhérente aux qualités du joueur au centre » (Selinger & Ackermann-Blount, 1992).

Les attaques rapides auxquelles font référence ces auteurs sont également appelées attaques en fixation ou fixe. Cela correspond à ce que nous avons évoqué précédemment lors des attaques en premier temps permettant à l’attaquant d’être déjà prêt à frapper au moment où le passeur reçoit le ballon en main. Cette anticipation, permet d’avoir un plus grand choix tactique dans le cas où la défense adverse aurait anticipé l’attaque, en passant le ballon à un autre attaquant qui se retrouvera alors en situation d’« un contre un » voire d’« un contre zéro».

En plus d’une grande faculté à analyser le jeu, aidé par sa grande taille, il doit avoir une grande capacité d’endurance et être très puissant pour pouvoir répéter une grande quantité de sauts d’attaque et de contre, une vitesse de mouvement dans la relance dans le bon timing.

« Sur le plan morphologique, ils ne sont pas obligatoirement de bons sauteurs mais de grande taille, ce qui leur évitera de sauter haut et de s’engager contre d’éventuelles attaques rapides de l’équipe adverse. […]. À l’attaque les joueurs centraux privilégient rapidité et technique au détriment de la force pure » (Selinger & Ackermann-Blount, 1992).

Il est également un leader du système défensif de première ligne.

CADRE MÉTHODOLOGIQUE

Méthode d’analyse

L’objectif de cette étude est de quantifier la charge de travail de chaque joueur de Volley-Ball durant trois matchs de niveau de jeu différent en termes de points et de set puis de les comparer entre eux ainsi que les résultats des différentes variables du match et ce pour chaque joueur. Le choix de la vidéo n’est pas un hasard car il permet une analyse du travail, c’est un cadre qui permet de mieux décortiquer, comprendre l’action et en devient même une activité à part entière (Clot & Faïta, 2000). Le support vidéo est un outil de mémorisation des faits. En effet, lors de la diffusion des images de chaque match, nous pouvons quantifier de manière précise, chaque action et déplacement effectués par les joueurs.

Choix des données recueillies

L’objectif de l’étude est de déterminer la charge que réalise chaque joueur au cours de trois matchs d’intensités différentes (faibles, intense et forte) et ce, pour différentes catégories d’actions existantes au Volley-Ball. Nous nous sommes concentrés sur les actions de jeu comme les courses d’élan, plongeon, saut bloc…, en considérant les autres actions de jeu comme étant non significatives, comme le replacement qui constitue un temps de récupération. Lors de notre recueil de données, nous avons conservé uniquement les déplacements visant à toucher ou soutenir le ballon. Cela ne signifie pas forcément que le joueur touchera le ballon à chaque fois qu’il effectuera ce type de mouvement. En effet, certaines actions telles que les « courses d’élan » ou le « saut bloc » peuvent être réalisées sans que le ballon ne soit touché par le joueur.

 Choix du sujet d’étude

Dans le cadre de cette recherche, nous avons décidé d’analyser trois matchs de l’équipe du Tours Volley-Ball lors de trois matchs de niveau de jeu différent durant la saison 2013-2014. Les trois matchs sont classés en trois groupes d’intensité en fonction du nombre de points et de sets joués ainsi que du niveau de la compétition. Le score n’étant pas à lui seul représentatif du niveau d’intensité.

Parmi ces trois matchs, le premier a été gagné 3-0 (25-18 / 25-21 / 25-18) par l’équipe de Tours contre Narbonne (intensité faible), le second a été gagné 3-2 (25-22 / 18-25 / 25-14 /16-25 / 15-8) par l’équipe de Tours face à Chaumont (intensité moyenne) et le troisième match a été gagné 3-2 (25-19 / 27-29 / 25-13 / 22-25 / 15-10) par l’équipe de Tours face à Piacenza (intensité forte).

Pour un suivi significatif, nous avons pris le parti de suivre le même athlète pour les trois matchs, l’objectif étant d’être au plus juste dans la quantification de la charge d’entraînement par poste.

Méthode de recueil des données

La technique d’analyse utilisée pour cette étude est l’outil Microsoft Office Excel couplé à l’étude vidéo. La spécificité et la précision des résultats que nous recherchons à obtenir nous ont obligés à constituer, à l’aide du logiciel Excel, notre propre recueil de données et nos propres statistiques. L’objectif de ce recueil est de répertorier chaque action significative effectuée par le joueur en fonction de sa visée (courses d’élan, de soutien,…) et de déterminer le type, le nombre, la distance, le temps et la vitesse des actions. Pour l’estimation des distances, nous avons couplé la grille disponible sur Kinovea quadrillant un demi-terrain (Fig.1 haut) avec une grille que nous avons élaborée représentant avec précision le placement des joueurs en mètres (Fig.1 bas).

 VOLLEY 1

Figure 1. Haut: Grille de repère sur un demi-terrain (9 x 9 m) avec le logiciel Kinovea. Bas: Grille Excel représentant les distances effectuées par les joueurs avec les coordonnées correspondantes (les distances sont en mètres).

 

VOLLEY 2

VOLLEY 3 modifié

Figure 2 : exemple de la grille d’analyse de matchs (parties 1 & 2)

Ce tableau d’analyse se décompose de la manière suivante (Fig. 2) :

  • Set : Dans cette colonne est indiqué le set en cours mais également le nombre de ballons touchés, le nombre de Tie-break, les rentrées et sorties des joueurs. Ainsi, l’objectif sera de quantifier le temps réel de jeu de chaque joueur. Dans le cas d’un remplacement par un joueur d’un autre poste, le temps ne sera pas pris en compte dans le temps réel de jeu.
  • Point : Dans cette colonne est noté le point en cours ainsi que les estimations des distances des actions hors champ.
  • Phase : Cette colonne indique les différentes phases de jeu que l’on peut retrouver dans le match, nous précisions quelle action le joueur réalise :
  1. A : Attaque
  2. D : Défense
  3. CA : Contre attaque
  4. S : Service
  5. R : Réception
  • Opération : Dans cette case est répertorié quel type d’opération le joueur réalise lorsqu’il se trouve dans une situation d’attaque, de défense ou de réception, par exemple :
  1. Course soutien défense
  2. Course d’élan
  3. Saut bloc
  4. Déplacement fléchi
  5. Service
  6. Pas chassés
  7. Skeeping
  • Temps et zone : Dans ce bloc de colonnes seront inscrits le temps de départ de chaque action ainsi que sa zone de départ précisée par son abscisse et son ordonnée à l’aide de la grille que nous avons élaborée (Fig. 1). Nous retrouverons également dans ce bloc, la fin de chaque action avec également la zone précise de fin de l’action précisée également par son abscisse et son ordonnée

RÉSULTATS & ANALYSE

Présentation des résultats pour les différents matchs

Le traitement des analyses sera effectué de la manière suivante: dans un premier temps, une première comparaison entre les joueurs de chaque poste sera faite et ce pour les différentes variables, sur les trois premiers sets des deux matchs du Championnat de France (Tours vs Narbonne et Tours vs Chaumont, respectivement matchs de trois et de cinq sets; deux premières colonnes des figures), puis dans un second temps, notre comparaison se fera sur les deux matchs de cinq sets, le premier de niveau national et le deuxième de niveau européen (Tours vs Chaumont et Tours vs Piacenza; deux dernières colonnes des figures).

  • Nombre de points et d’actions significatives (opérations)

En comparant les deux matchs du Championnat de France (Tours vs Narbonne vs Chaumont; Fig. 3), on remarque qu’il y a des différentes tendances uniquement pour le pointu, le réceptionneur-attaquant et le libéro. À l’inverse, pour le passeur et le contreur central, le nombre de points joués est sensiblement le même. Pour les deux matchs de cinq sets (Tours vs Chaumont et Tours vs Piacenza; Fig. 3), nous observons que le passeur et le contreur central conservent toujours le même nombre de points joués. En revanche, le pointu et le réceptionneur-attaquant effectuent environ 20 points de plus dans le match contre Piacenza, tandis que le libéro effectue environ 20 points de moins.

À noter que lors du match de trois sets, le passeur joue un nombre de points environ deux fois supérieur aux autres joueurs.

VOLLEY 4 & 5

 

Pour le nombre d’opérations réalisées, on observe peu de différences significatives pour le trois premiers sets des matchs nationaux hormis pour le poste de libéro et de réceptionneur-attaquant, pour lesquels nous observons une nette différence entre ces deux matchs (Fig. 4).

Notons, que pour les trois premiers sets des deux premiers matchs, l’ensemble des joueurs réalisent plus d’opérations lors du match contre Chaumont, à l’exception du passeur qui en effectue moins. Pour les deux matchs de cinq sets, le passeur, le pointu et le réceptionneur-attaquant comptabilisent nettement plus d’opérations effectuées lors du match contre Piacenza, tandis que le libéro et le contreur central en effectuent moins (Fig. 4).

  • Le nombre de ballons touchés

Le nombre de ballons touchés (Fig. 5) nous semble une donnée très importante, notamment dans la gestion des entraînements en vue de la préparation des matchs à intensités différentes. En effet, cette donnée pourra permettre de définir la charge d’entraînement avec ballon et sans ballon. Concernant les matchs contre Narbonne et Chaumont, on observe que le nombre de ballons touchés est globalement identique pour chaque poste (Fig. 5). Pour les matchs de cinq sets cette tendance se confirme, hormis pour le contreur central qui touche moins de ballons. Notons que le passeur est le joueur qui touche le plus grand nombre de ballons, a contrario, le libéro est le joueur qui touche le moins le ballon (Fig. 5).

VOLLEY 6

  • Les différentes phases

On remarque que les caractéristiques de chaque profil de poste sont plus ou moins respectées lors des deux premiers matchs, à l’exception du libéro qui réalise presque trois fois plus de phase dans le match contre Chaumont que dans celui contre Narbonne (Fig. 6). Pour les matchs de cinq sets, le passeur, le pointu et le réceptionneur-attaquant exécutent beaucoup plus d’actions alors que le libéro et le contreur central en accomplissent légèrement moins (Fig. 6). Au vu de ces graphiques, chaque poste possède des caractéristiques de jeu différentes, par exemple, le passeur effectue essentiellement des actions d’attaque et de défense, le pointu effectue principalement des actions offensives, le réceptionneur-attaquant est le joueur le plus complet puisqu’on le retrouve dans chaque action de jeu (contre-attaque,attaque, service, réception, défense…), le libéro réceptionne et défend, et le contreur central a un rôle important dans l’attaque et la défense.

VOLLEY 7

  • La durée des opérations

De manière générale, on constate pour l’ensemble des trois matchs, que les actions de courte durée (< 2 secondes) sont prépondérantes (Fig. 7). On note également que, plus l’intensité du match augmente, plus les durées des opérations supérieures à 2 secondes augmentent.

VOLLEY 8

  • La distance effectuée lors de chaque opération

La distance effectuée nous a semblé un élément important dans la quantification de la charge d’entraînement du volley de très haut niveau, notamment dans la planification des entraînements. Pour cela, et à l’aide de notre grille, nous avons estimé la distance parcourue lors de chaque phase avec le théorème de Pythagore (Fig. 8). Cette méthode est relativement précise. L’erreur correspondante est de ± 28 cm (1/4 zone) lorsque l’action se déroule dans la surface du terrain. Lorsque l’action sort de la surface du terrain (notée SDT dans ma grille) l’erreur de distance est de ± 56 cm (1/2 zone). La position du joueur est prise dans le prolongement de la colonne vertébrale au niveau du sol.

En comparant la distance des actions des joueurs (Fig. 9), on constate, pour les deux matchs nationaux, des résultats cohérents pour chaque poste. On peut cependant noter, que le passeur, le pointu et le réceptionneur-attaquant effectuent plus d’actions de grandes distances (> 6 m) que le libéro et le contreur central (Fig. 9). Cette observation est d’autant plus frappante dans les deux matchs de cinq sets, où plus l’intensité est grande, plus les distances longues sont observées.

VOLLEY 9

VOLLEY 10

  • La vitesse de chaque phase

Pour les matchs contre Narbonne et Chaumont, nous pouvons observer que les joueurs ont globalement une vitesse comprise entre 0 et 4 m/sec (Fig. 10). Lors du match contre Chaumont, on note que le pointu a effectué environ 1/6 des actions à une vitesse supérieure à 4 m/sec. Sur l’ensemble des trois matchs, les proportions sont conservées en fonction de l’intensité, pour le passeur, le pointu et le réceptionneur-attaquant. Pour le libéro et le contreur central, les proportions ne sont pas conservées (Fig. 10).

VOLLEY 11

  • Temps de présence du joueur & temps réel des actions

Dans un premier temps, nous nous sommes intéressés au temps de jeu. En effet, il est intéressant de connaître le temps de présence du joueur et le temps réel des actions pendant un set et au cours de matchs d’intensité variable, dans l’objectif d’avoir une analyse plus fine et plus juste des différents profils de poste. Le temps de présence du joueur sur le terrain correspond à la somme sur l’ensemble d’un match de la durée des différents points. Pour obtenir cette valeur, nous avons soustrait le temps de début de chaque point à celui de fin, puis additionner sur l’ensemble de tous les points du match. Le temps réel des actions correspond quant à lui à la somme sur l’ensemble d’un match des opérations réalisées par chaque joueur. Nous avons soustrait le temps de début de l’opération à celui de fin correspondant.

Pour le match Tours vs Narbonne (Fig. 11 & Tableau 1), le passeur effectue un temps de présence sur le terrain très important (91 %) et nettement supérieur aux autres joueurs (pointu = 66 %, réceptionneur-attaquant = 56 %, libéro = 40 % et contreur central = 57 %).

Le temps réel des actions n’est pas nécessairement cohérent avec le temps de présence d’un joueur donné. Par exemple le pointu à un temps de présence de 66 %, par contre il possède le temps réel d’actions le plus long (3’ 10” ; Tableau 1).

Pour le match Tours vs Chaumont (Fig. 12 & Tableau 2), le passeur, le pointu et le réceptionneur-attaquant effectuent un temps de présence sur le terrain important (respectivement 86, 88 et 90 %) et légèrement supérieur aux autres joueurs (libéro = 76 % et contreur central = 62 %). Ici, le pointu réalise le temps réel d’actions le plus important (5’ 49”) suivi par le libéro (5’ 14”), le passeur (4’ 20”), le réceptionneur-attaquant (3’ 45”) et le contreur central (2’ 48”).

Pour le match Tours vs Piacenza (Fig. 13 & Tableau 3), le pointu et le réceptionneur-attaquant effectuent un temps de présence sur le terrain de 100 % suivis par le passeur (98 %), le libéro (86 %) et contreur central (58 %). Ici, le pointu réalise le temps réel d’actions le plus important (7’ 42”) suivi par le réceptionneur-attaquant (7’ 21”), le passeur (5’ 35”), le libéro (4’ 21”) et le contreur central (3’ 25”).

VOLLEY 12

VOLLEY 13

VOLLEY 14

VOLLEY 15

VOLLEY 16

VOLLEY 17

  • Le rapport effort/récupération

Le rapport effort/récupération est une donnée importante, notamment dans la gestion de la charge d’entraînement pour pouvoir recréer de manière précise les situations de compétition. Pour cela, il nous a paru nécessaire de calculer ce rapport. L’ensemble des données, nous a permis d’obtenir le ratio effort sur récupération au cours d’un set et d’un match et les comparer sur des matchs d’intensités différentes (Fig. 14). Pour calculer cette valeur, nous avons divisé le temps réel des actions par le temps de récupération correspondant lui, à la différence entre le temps de présence et le temps réel d’actions :

 VOLLEY 18

 

En ce qui concerne le rapport effort/récupération, on constate des différences pour les trois matchs. Pour le match contre Narbonne, le pointu a un rapport effort/récupération proche d’un sur deux, les autres joueurs se situent entre un quart et un sixième (Fig. 14 & Tableau 4 haut). Par conséquent, le pointu accomplit environ deux fois plus d’efforts que les autres joueurs. Pour le match contre Chaumont, le libéro et le pointu ont un rapport effort/récupération d’environ 40 %, tandis que pour le passeur, le réceptionneur-attaquant et le contreur central, il est compris entre 21 et 27 % (Fig. 14 & Tableau 4 centre). Pour le match contre Piacenza, le pointu effectue un rapport effort/récupération de 51 % suivi par le réceptionneur-attaquant (47 %), le contreur central (35 %), le passeur (33 %) et le libéro (29 %). Au vu de ce diagramme, l’ensemble des joueurs ont fourni plus d’efforts au cours du troisième match (contre Piacenza) à l’exception du libéro.

VOLLEY 19

En conclusion, nous pouvons déterminer un rapport moyen effort/récupération au cours de trois matchs à intensité variable et pour chaque type de poste. Ces données pourront être très utiles pour les préparateurs physiques ou les entraîneurs qui auront en leur possession des données utiles dans la gestion ainsi que la programmation des entraînements.

Analyse des résultats

  • Le passeur :

Le passeur effectue globalement des opérations d’une durée inférieure à 2 secondes. Les durées supérieures à 2 secondes sont rares (Fig. 15, haut). Ces observations sont cohérentes sur les trois matchs. Les distances sont généralement comprises entre 0,5 et 6 m avec une grande majorité entre 0,5 et 3 m. Les distances supérieures à 6 m ou inférieures à 0,5 m sont très rares. Les vitesses du passeur se situent entre 0 et 4 m/s. Les vitesses supérieures à 4 m/s sont en très faible proportion. Le taux d’effort est d’environ 30 %. Le taux maximum est de 33 % (Fig. 15, haut).

  • Le pointu :

Le pointu effectue des durées très courtes (< 2 secondes) et en proportion nettement moins importantes supérieures à 2 secondes (Fig. 15, bas). Les distances se situent majoritairement entre 0,5 et 6 m. Celles entre 6 et 9 m restent également bien représentées. Les vitesses des opérations s’étendent principalement entre 0 et 4 m/s, bien que celles au-delà de 4 m/s soient plus importantes que pour les autres joueurs. Le taux d’effort est compris entre 39 et 51 % (Fig. 15, bas). C’est le taux le plus haut parmi les joueurs.

Le pointu est très sollicité pour des courses de sprint pouvant aller jusqu’à plus de 9 m souvent précédées de déplacements arrière de position.

VOLLEY 20

  • Le réceptionneur-attaquant :

Les durées des opérations effectuées par ce joueur sont comprises en grande majorité entre 0 et 2 secondes (Fig. 16, haut). Il est important de noter que les opérations de 2 à 5 secondes restent importantes en comparaison avec l’ensemble des joueurs. Toutes les distances sont représentées entre 0 et 9 m et les vitesses sont comprises entre 0 et 4 m/s de manière générale. Le taux d’effort est compris entre 22 et 47 % (Fig. 16, haut).

  • Le libéro :

Les opérations durent principalement moins de 2 secondes bien que les opérations entre 2 et 5 secondes restent bien représentées lors des matchs de cinq sets (Fig. 16, bas). Les distances parcourues sont en moyenne de 0,5 à 6 m. Les vitesses qui en découlent sont relativement faibles et majoritairement inférieures à 2 m/s. Le taux d’effort des trois matchs se situe entre 18 et 42 % (Fig. 16, bas).

  • Le contreur central

L’analyse du contreur central nous a permis de préciser certaines caractéristiques de son jeu. Les durées des opérations sont globalement inférieures à 2 secondes (Fig. 17). Les distances sont comprises entre 0,5 et 6 m. Les vitesses se situent entre 0 et 4 m/s. Le taux d’effort moyen est d’environ 29 %. Le taux d’effort maximal sur les trois matchs est de 35 % (Fig. 17).

VOLLEY 21

VOLLEY 22

Discussion générale

Nous avons, au cours de cette recherche, pu observer des différences entre les variables analysées pour l’ensemble des postes, et ce, sur les trois matchs à intensité et niveau de jeu différents. Cependant, nous constatons que la notion d’intensité n’est pas directement liée au match et à son résultat. En réalité, elle dépend du temps de présence du joueur sur le terrain mais surtout du temps réel de jeu du joueur. Le rapport effort/récupération, correspondant au ratio entre le temps réel des actions et temps de présence sans actions significatives, présente un intérêt particulier pour quantifier l’intensité. Le match de cinq sets contre Piacenza, théoriquement de plus haute intensité que les deux autres au vu du nombre de sets et de points joués ainsi que du niveau international de la compétition, présente un rapport effort/récupération pour chaque joueur qui n’est pas nécessairement plus important que pour les autres matchs. De plus, ce ratio est variable d’un joueur à l’autre, montrant que l’intensité est différente entre les joueurs. L’analyse du jeu du réceptionneur-attaquant et du pointu confirme l’idée que la notion d’intensité est propre au joueur et pas seulement au niveau présumé du match. Lorsque l’on compare les deux matchs de niveau national pour ces joueurs (Figs.15, haut & 16, haut), nous nous apercevons que le taux d’effort est moins important lors du match de cinq sets. Néanmoins, les autres joueurs présentent un taux d’effort similaire ou supérieur lors du match contre Chaumont. Dans un second temps, en comparant les matchs de cinq sets entre eux, présentant l’intérêt de pouvoir mesurer deux matchs aux nombres de sets équivalents, le taux d’effort est le plus important lors du match contre Piacenza (niveau européen) à l’exception du libéro, qui lui fournit plus d’effort dans le match contre Chaumont (niveau national). Ces observations nous amènent à montrer qu’il existe un équilibre dans les efforts entre les joueurs durant un match, créant un effet de balance. En effet, lorsqu’un ou deux joueurs fournissent moins d’efforts, les autres joueurs compensent en accomplissant plus d’actions. Notre hypothèse de départ était de savoir s’il y avait une différence significative entre les charges de travail des différents profils de postes au cours d’un match de Volley-Ball et s’il fallait envisager une préparation physique particulière pour chaque poste.

Notre étude réalisée sur trois matchs de niveau différent a confirmé nos hypothèses. Des différences concernant la durée des opérations, leurs distances et leurs vitesses ainsi que le temps de présence sur le terrain, le temps réel des actions effectuées par le joueur et le rapport effort/récupération ont été observées. Ces données sont propres à chaque poste et vont permettre de proposer un entraînement personnalisé.

CONCLUSIONS & PERSPECTIVES

Les données recueillies durant ce travail de recherche vont permettre un entraînement adapté individualisé pour chaque profil de poste et d’éviter lors des entraînements un surentraînement qui pourrait avoir des effets néfastes sur la performance. Nous savons aujourd’hui que les facteurs du surentraînement sont nombreux, parmi eux on retrouve le manque de repos qui est probablement le plus évident, en particulier lorsqu’il est associé à une charge d’entraînement trop importante. L’explication principale se trouve certainement dans la covariance de trois facteurs : le stress, la récupération et la tolérance au stress. Il paraît donc important d’être attentif au stress social qui englobe le stress de l’entraînement.

Il existe plusieurs outils pour prévenir le syndrome du surentraînement en prenant en compte différents paramètres comme : la qualité totale de récupération mesurée avec l’échelle TQR (Total Quality of Recovery; Kenttä, 1996), la cotation de l’effort ressenti avec l’échelle RPE ( Ratings of Perceived Exertion; Borg, 1970, 1994) ou encore le test de POMS (Profil Of Mode State; Berglund, 1996) permettent d’identifier en amont ce syndrome.

Cette étude effectuée sur le club du Tours Volley-Ball peut être ouverte à d’autres clubs de niveau national ou européen. Nous pourrions aussi élargir aux autres nations, ce qui nous permettrait d’avoir l’ensemble des acteurs du haut niveau en Volley-Ball.

Il serait également intéressant de comparer nos résultats à des matchs où l’équipe du Tours Volley-Ball perd afin de vérifier si le taux d’effort/récupération est le même.

Nous pourrions aussi comparer nos résultats de cette étude en particulier concernant les distances et les vitesses mesurées avec des mesures prises par un accéléromètre rattaché à chaque joueur afin de vérifier l’exactitude de nos données. Cet outil présente l’avantage d’être moins contraignant pour le mode de calcul mais en revanche demande à être étalonné avec une certaine marge d’erreur due à la variation des déplacements (pas chassés, déplacements arrière, courses d’élan, sprints).

De plus, l’intérêt de cette étude sera d’utiliser les informations recueillies pour les mettre en place durant les entraînements. Par exemple, le rapport effort/récupération maximal de chaque joueur pourrait être utilisé pour simuler au plus près un match d’intensité maximale. Nous avons observé durant cette étude un effet de balance entre les joueurs durant les différents matchs où les charges de travail étaient équilibrées entre les joueurs et ce pour les niveaux d’intensité différents des matchs. Cette observation serait intéressante à développer dans une nouvelle étude, pour essayer de caractériser au mieux cet effet.