Auto-confrontation

Analyse de la pratique professionnelle – Sport & Entreprise

Analyse de la pratique professionnelle
(Essai au volley-ball)
Auto-confrontation

J’ai lors de cet entretien d’auto-confrontation, eu le rôle d’interviewer avec comme choix de posture celui du candide de l’activité, n’ayant que pour seule référence le support vidéo. Ce support a été réalisé en accord avec le sujet, notamment sur le choix de la situation positive et négative. L’ensemble de mes questions était en rapport avec les images projetées sur l’écran, le pair expert était pour moi un deuxième support sur lequel je m’appuyais pour confronter et/ou creuser sur un des aspects techniques qui ne me paraissaient pas très clairs ou pour aller plus loin dans mon questionnement ainsi que celui du sujet.

Introduction
Le choix de cette méthode n’est pas un hasard car il permet une analyse plus fine du travail, c’est un cadre qui permet de mieux décortiquer, comprendre le déroulement de l’action et en devient même une activité à part entière (Clot & Faîta, 1999). Le support vidéo est un outil de mémorisation des faits, il permet de croiser les regards du sujet (S) acteur de l’action, du pair expert (P) ayant le même niveau de pratique et apportant un regard extérieur, et de l’interviewer (I) positionné en chef d’orchestre sommé de poser des bonnes questions.

La relation entre sujet, pair, interviewer et la vidéo est le début d’une confrontation sur l’analyse de l’activité entre ce que le sujet fait, ce qu’il croit faire et ce qu’il fait réellement. « Un cycle s’établit entre ce que les travailleurs font, ce qu’ils disent de ce qu’ils font, et, pour finir, ce qu’ils font de ce qu’ils disent» (Clot, 2000).

Domaines abordés lors de l’entretien
Lors de cet entretien, plusieurs domaines ont été abordés que l’on peut catégoriser en plusieurs parties qui seront vues sur les deux situations positive et négative:
La prise d’informations est un processus cognitif que l’on retrouve durant la phase de traitement de l’information qui est fonction du stimulus qui lui arrive (Atkinson & Schiffrin, 1971). Cette phase cognitive est aussi à l’origine de différents comportements tels que: choix tactiques, dilemmes, problèmes techniques, problèmes de positionnement tactiques, gestion du stress, références stratégiques, prises d’initiatives individuelles et feedback de l’échec.

Choix tactiques :
Ligne 30-35 : Action positive
I : Que regardes-tu au moment du service ?
S : Rien spécialement, si ce n’est qu’effectivement, un de nous était à l’avant et l’autre à l’arrière, c’est ce que l’on avait convenu comme choix, on n’était pas forcement sur quelque chose de prévu sur les cotés « gestes des deux mains pour indiquer les déplacements latéraux », on était plutôt sur avant-arrière.

Ligne 237-242 : Action négative
I : Qu’est-ce qui se passe à ce moment-là et plus précisément au niveau du service ?
S : Alors là effectivement ! Ce qui est marrant, c’est que l’on n’est pas dans une configuration avant-arrière « geste avec les mains pour indiquer le positionnement ». Là on a choisi une configuration droite gauche « les doigts écartés vers les cotés ». Alors pour quelle raison, je ne sais pas exactement.

Dilemmes :
Ligne 143-156 : Action positive
S : Peux-tu aller jusqu’au bout pour voir « il montre du doigt l’écran ». Non là clairement « geste de la main vers le bas », je n’avais pas envisagé cette éventualité. Ce qui pourtant était quand même. « Geste d’étonnement du visage ». Apres coup c’est plus que probable. C’était le risque des passes frontales « il montre le face à face avec ses mains » effectuées comme ça ou quand les joueurs se rapprochent effectivement « geste des mains rapprochées mais latéralement ».
I : Qu’est-ce qu’il aurait fallu faire ?
S : Au niveau de la posture j’aurais du être plus sur mes appuis comme ça mais « penche son buste en position de la manchette » d’un autre coté, je me dis peut-être que… Alors c’est vrai je me suis redressé, mais c’est peut-être justement à cause de ce déséquilibre « il penche son buste vers l’arrière » que j’ai du me redresser « puis le redresse vers l’avant » au dernier moment aussi. Peut-être ? « Il se questionne ». Quelque part oui « il ouvre légèrement les mains mais le coude toujours en appui sur le dossier de la chaise » c’est peut être une erreur de placement ou un problème de temps qui fait qu’au final j’étais déséquilibré « il fait des mouvements avec son buste gauche, puis droite (vague ) en manchette » je me suis redressé au dernier moment et j’ai fait comme j’ai pu.

Problèmes techniques :
Ligne 199-207 : Action positive
S : Mais là ce qui me vient à l’esprit « index sur la bouche » pourquoi, j’ai « indique de l’index l’action ».
P : Mais c’est une bonne initiative aussi.
S : « Hochement de la tête ». Je n’ai pas voulu faire ça. C’est que simplement, je redoutais la réception en manchette « il fait le geste de la manchette » parce que c’est mon point faible. Donc j’ai préféré « geste du bloc avec les deux mains » monter au bloc pour parer le maximum de ce que je pouvais et bon effectivement j’aurais peut-être dû…
Ligne 234-236 : Action négative
S : Je réceptionne en manchette malheureusement « il se tient les mains et le coude droit sur le dossier de la chaise » « inspire ». Et après effectivement, je pense qu’il y a une responsabilité partagée entre nous.

Problèmes de positionnement tactique :
Ligne 116-125 : Action positive
S : Ouais. « Les mains serrées et le coude sur la chaise » Alors là malheureusement, j’ai dévié la balle mais je ne l’ai pas arrêtée parce qu’il a fait une passe. « Indique la trajectoire de la balle avec ses mains ». On peut revoir juste parce que, je n’ai pas bien vu « il se replace sur la chaise » encore un petit peu. Ok en fait, il a fait une passe « il fait le mouvement de la balle » vraiment il était en face et il a fait une passe au dernier moment en diagonale « il fait la diagonale avec son bras ». Effectivement, je ne m’attendais pas vraiment à ça mais c’était le risque de ma position « il montre le face à face avec ses mains » très frontale.
Ligne 268-276 : Action négative
I : Je constate que tu croises tes jambes lors de ton déplacement, est-ce un déplacement habituel de ta part ?
S : Ah ça, difficile à dire parce que je ne me regarde pas bouger surtout quand j’ai les yeux sur une balle. « Esquisse un sourire » Non je pense que là, je dois suivre la trajectoire de la balle. Mais là, je ne saurais pas spécialement pourquoi j’ai fait ça. Peut être parce que j’ai voulu anticiper le fait que la balle parte en arrière alors qu’en fin de compte elle va peut-être moins vite « il fait un geste de la trajectoire de la balle vers l’arrière » que j’ai cru voir dans la première seconde. Donc du coup, je reviens peut être « mouvement zigzag avec les mains » plutôt sur le côté, ou peut-être que la balle avait un effet sur le côté « geste de la trajectoire de la balle droite, gauche ».

Gestion du stress :
Ligne 381-390 : Action négative
I : Oui parce que finalement tu étais bien placé « j’oriente ma main en direction de l’image » et à un moment, j’ai eu l’impression que la balle arrivait assez rapidement et que tu as fait un geste pas assez contrôlé, bien que ton placement et ta position semblent corrects au départ.
S : C’était plus un geste de défense qu’autre chose.
I : Est-ce qu’il y a quelque chose en particulier qui s’est produit à ce moment-là ?
S : Je ne sais pas exactement. Mais ce qui est sûr, c’est quand la balle arrive sur moi a priori, peut-être, j’ai une petite pression qui arrive, et du coup je me retrouve tendu au niveau des épaules « il fait le geste de la manchette avec les coudes rapprochés du buste et les épaules remontées »je me retrouve avec la même position.

Prises d’initiatives individuelles :
Ligne 97-111 : Action positive
S : Donc là, je me place effectivement en face de lui. Pour contrer les passes, on va dire au ras du filet « geste de la main droite pour indiquer la direction de la balle ». Puis, je bondis pour faire bloc, jusque-là mon intention était quand même bonne et quelque part fondée.
I : Peux-tu me dire pourquoi tu décides de sauter à ce moment précis ? Y a-t-il un élément déclencheur ?
S : Simplement parce que son coéquipier « il indique du doigt l’action en tendant le bras » lui la passe et que lui est proche du filet. Donc je me dis que forcement, il va faire une passe au ras du filet « indique le geste avec son bras ».
Ligne 240-248 : Action négative
S : Alors là effectivement ! On n’est pas dans une configuration avant-arrière « geste avec les mains pour indiquer le positionnement ». Là on a choisi une configuration droit gauche « les doigts écartés vers les côtés ». Alors pour quelle raison, je ne sais pas exactement.
I : En avez-vous discuté ensemble ?
S : Il ne me semble pas. Je pense que naturellement et spontanément c’est venu comme ça « les bras écartés sans explication ». Je ne sais pas, peut-être des vieilles habitudes qui reviennent, je ne sais pas, on a dérogé à la règle que l’on s’était fixée « légère ouverture des mains ».

Feedback de l’échec :
Ligne 392-397 : Action négative
S : Mais effectivement, j’aurais pu dès le départ, si j’avais une meilleure peut-être, ou simplement un peu plus de temps, je ne sais pas un meilleur temps de réaction. Ou tout simplement mieux placé « geste avec les mains de placement » prendre plus le temps de me placer, je ne sais pas.
I : D’accord.Un histoire de pression, de stress peut-être à voir éventuellement ?
S : C’est un mélange de tout, un peu de technique « il se gratte le bras droit » un peu de temps de placement, et puis peut-être un peu de pression « se gratte la cuisse gauche ».

L’unité élémentaire de l’activité
L’activité est dirigée par une approche clinique ou l’expression « psychologie clinique » est citée pour la première fois en 1887 par Janet. L’approche clinique est caractérisée par deux outils principaux que sont l’entretien et l’observation. L’un des premiers pionniers de l’entretien appliqué à l’enfant normal fut Piaget (1947).

Clot (1999) propose, lui, un concept clinique de l’activité dirigée comme unité élémentaire de l’analyse en psychologie du travail orienté vers l’activité. Cette activité est triplement dirigée par un triptyque avec une relation de triade (sujet-tâche-autrui)

  • Par la conduite du sujet
  • Au travers de l’objet de la tache
  • Vers l’activité des autres

Sujet < =====> Tâche
– Dilemmes : Lignes 143-156 : Action positive
– Dilemmes : Lignes 326-335 : Action négative
– Problèmes techniques : Ligne 199-207 : Action positive
– Problèmes positionnement tactique : Ligne 268-276 : Action négative
– Gestion du stress : Ligne 381- 390 : Action négative
– Références stratégiques : Ligne 75-80 : Action positive
– Prises d’initiatives individuelles : Lignes 240-248 : Action négative
– Feedback de l’échec : Ligne 392-397 : Action négative

Tâches < =====>les autres
– Problèmes techniques : Lignes 234-236 : Action négative
– Références stratégiques : Ligne 75-80 : Action positive
– Références stratégiques : Ligne 250-258 : Action négative
– Prises d’initiatives individuelles : Lignes 97-111 : Action positive
– Prises d’initiatives individuelles : Ligne 240- 248 : Action négative

Les autres < =====>Sujet
– Choix tactiques : Ligne 30-35 : Action positive
– Choix tactiques : Ligne 237-242 : Action négative
– Problèmes positionnement tactiques : Ligne 116- 125 : Action positive
– Feedback de l’échec : Ligne 392 -397 : Action négative

Les actions du sujet
Au regard des résultats, nous pouvons dire que très peu d’actions voulues ont finalement pu être réalisés. Le constat est certainement du au manque de maîtrise du sujet tant sur le plan technique que tactique, par exemple sur le geste technique de la manchette au volley-ball qui demande d’avoir une bonne lecture de la balle, un bon placement ainsi qu’une bonne position pour être effectué. D’un point de vue tactique, le positionnement sur le terrain est un élément déterminant dans la réussite ou non d’une action. À ces deux problématiques, se rajoute les stress ressenti dû au manque de maîtrise et d’expérience à ce niveau de pratique.

Rôle du pair dans l’entretien
Lors de cet entretien d’auto-confrontation, le pair a eu un rôle de technicien de l’activité apportant son analyse de la situation en proposant des solutions tant sur le plan technique que tactique notamment lors de la stratégie mise en place.
Son intervention se faisait souvent à ma demande implicite ou explicite et aussi par sa propre initiative, dans le but de soulever des axes d’amélioration pour le sujet.
J’ai, durant cet entretien, fait appel au pair dans plusieurs situations où son regard extérieur permettait d’apporter des solutions ou simplement apporter une vision différente de celle du sujet. Le regard croisé entre le sujet, à la fois acteur et spectateur, et le pair, fort de son expertise, permet de mieux comprendre l’activité tout en apportant des solutions aux différentes problématiques rencontrées.

Exemple de l’initiative du pair
Ligne 157-167
P : Si je peux intervenir, en fait dans cette action. Tu es monté en position bloc et tu as contré, c’est très bien parce qu’après quand on parle du choix de la position « mouvement des mains qui indique l’action » ici, lorsqu’il a envoyé la balle c’était pour éviter ton bloc « mouvement des mains pour représenter le bloc ». Il a été très intelligent, de faire comme ça. Apres c’est à ton coéquipier de faire attention de ne pas se placer derrière toi.
S : C’est à lui effectivement « mouvement des mains pour indiquer le positionnement » de venir sur le contre.
P : Il aurait dû, parce que là « les mains positionnées et représentant la zone de l’action » dans la zone où tu bloques correspond à une zone morte donc il aurait dû se décaler « geste de la main sur le côté ».
S : « hochement de la tête » pour parer effectivement.

Conséquence de mon action d’interviewer
Les conséquences ont été multiples car mon action a permis au sujet de l’entretien de se questionner sur la stratégie mise en place.

Cette technique d’entretien est très surprenante à bien des égards. Tout d’abord par la position que l’interviewer doit adopter pour diriger cet entretien, qui peut être celle d’un novice devant poser les bonnes questions. Ensuite, un juste dosage doit être fait pour que le pair puisse prendre une place importante, sans être non plus trop intrusif, au risque d’être contre-productif.